dimanche 25 septembre 2011

Une visite au château du Pré

Patrimoine et monument.
Rédaction: David Jouas.

Le papier a été glissé la semaine précédente dans les boîtes aux lettres du village.
«Dans le cadre des journées du Patrimoine, l'association cultuelle Soka du bouddhisme de Nichiren est heureuse de vous inviter à la journée Portes Ouvertes du Château du Pré et de son parc, qui se déroulera le dimanche 20 septembre de 10h30 à 16h30. (...)» .

Il est ouvert au public le lundi, le vendredi et le samedi, voir sur cette page avec de belles photos.

Le 28 novembre 2010, par le chemin de la voirie, les randonneurs longeaient les murs de ce château, le plus grand et et le plus ancien de Chartrettes. Sur la vue satellite, on s'aperçoit qu'il occupe plus d'un quart de la superficie du village. 
Vue satellite du village, cliquez pour agrandir

La porte mystérieuse
D'abord, il faut contourner l'église. Rue Brigeon, une porte est ouverte dans le mur. D'un seul coup, ce qui était une impasse, sous l'ombre des grands marronniers, s'ouvre sur une vaste plaine.





Le large chemin récemment tracé au-milieu des hautes herbes descend en pente douce. On voit des pommiers qui perdent leurs fruits sur le côté. Je passe à coté d'un terrain de basket.
Dans ce parc de 33 hectares, les séquoias, les cèdres, les hêtres rouges...impressionnent par leur majesté.
Le château apparaît derrière le rideau d’arbres, on dirait un gros sucre blanc et rectangulaire posé en équilibre sur une pièce d’eau. On raconte que Henri IV est venu y rejoindre sa maîtresse au destin tragique Gabrielle d'Estrées.

Je franchis les grilles. Le château  est entouré par des douves remplie d'une eau verdâtre et transparente. Nénuphars à la surface.
Dans le hall, un double escalier tournant mène à l'étage. Des sons graves et gutturaux s'élèvent dans une salle : il s'agit de l'office religieux bouddhique d'une dizaine de minutes qui se termine maintenant. Des chaises sont alignées face à l'autel et des personnes assises tiennent leurs mains jointes, égrenant un chapelet, en balançant leur tête au rythme de la psalmodie.
Puis le maître de cérémonie, un vieux japonais ascétique et rieur, parle du bouddhisme. Les prières récitées étaient en japonais médiéval. Derrière lui, les portes de l'autel, en bois ouvragé, se referment lentement, automatiquement, comme un coquillage, sur une sorte de parchemin tendu à la verticale. La salle ressemble à celles que l’on trouve sur leur site.
Sur les murs, des photographies de paysages encadrées au nom de Daisaku Ikeda. J'observe le parc à travers les portes-fenêtres. 
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Je sors dans la cour de gravier. Le tour du bâtiment est vite accompli. Dans les douves, un gros poisson happe une libellule. Le château paraît petit au milieu de cet immense parc. Les façades sont très blanches. Je traverse une allée de grands hêtres. Il y a aussi un séquoia géant, beaucoup plus grand que celui que je verrai dans l’après-midi au laboratoire d’écologie forestière de Fontainebleau. Ici, ils ont de l'espace pour se développer. Le biologiste nous expliquera que le sequoia a besoin de l'humidité atmosphérique qu'il trouve sous certains climats parce que les molécules d'eau ne peuvent pas monter jusqu'à ses hautes branches. 


Et aussi un tulipier de Virginie dont j’aurai la chance de photographier la fleur ouverte à Fontainebleau.
Tulipier de Virginie

Je vais jusqu’au bout du ruban goudronné pour visualiser l’accès voiture qui débouche au 3 rue Georges Clémenceau, à l’entrée de la voirie. 

Puis je reviens sur mes pas et je quitte le domaine par où je suis venu. Le clocher de l’église St-Corneille domine les murs d’enceinte du parc.

En direction de la sortie


Quelle est l'histoire de ce château?  La voici telle quelle nous est présentée sur une feuille de papier disponible au château et retranscrite telle quelle: 

Histoire du Château du Pré.
Ce lieu fut habité dès l'âge de fer; on a retrouvé dans le parc des objets  aujourd'hui  exposés au musée  archéologique de Nemours  en Seine et Marne. 

Un fief existait à cet endroit durant le haut Moyen  Age.
C'est  en 1510 que le château actuel  fut construit avec ses douves formant un carré parfait ainsi que son pont-levis.  On ne connaît  ni l'architecte, ni le commanditaire de cet ouvrage.
Placé  sur la ligne de front entre protestants et catholiques,  il fut détruit puis reconstruit. 
En 1560, Dreux Sayve, lieutenant général du baillage de Melun était le propriétaire  du Château du Pré. A sa mort, son neveu, Antoine  Sayve  hérita de la propriété.  Peu de temps après  éclatèrent les guerres  de religion et le château fut alors incendié. 
A la fin du XVle siècle, Henri  lV, alors Roi de France, et sa maîtresse Gabrielle Destrée furent régulièrement  reçus au château par Antoine  Sayve. C'était  un lieu de rencontres privilégié, à l'abri des commérages de la cour de Fontainebleau.  Le Roi disait du château du Pré :  Chartrettes, chère retraite ! Ce fait est attesté par divers éléments : M.  Fiquet, propriétaire  en 1829, retrouva dans sa cave un buste d'Henri lV d'une hauteur  de 1m20 ; M.Béchet,  propriétaire en 1846,  voulut modifier l'entrée du château et dut faire démolir deux pilastres représentant  le buste de Gabrielle  Destrée, taillé à même la pierre de l'édifice.

En 1635, Antoine  Sayve vendit le domaine de Robert  Clapisson,  membre de l'une des plus illustres  familles de France et propriétaire du château  de Vaux-Chartrettes,  la plus imposante bâtisse du village,  aujourd'hui disparue. Ce château voisin  était un véritable  château fort avec des tourelles et des fossés.
En 1736, après la mort de Nicolas Charpy, seul et unique héritier de la famille Clapisson,  c'est la famille De Fremont D'Auneuil  Du Mazis qui acheta la propriété. Président du Parlement  de Paris (ancienne appellation  des tribunaux)  et seigneur  de Chartrettes, il passait pour être l'un des hommes  les plus riches de France. En 1848, le parc à l'anglaise est planté (cèdres,  tilleuls, hêtres rouges, séquoias, pins laricio et sylvestre).
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 En 1780, c'est Louis Alexandre  Grare, négociant à Paris et époux de Pétronille  Poupart, qui devient propriétaire. ll meurt un an plus tard et en 1882, sa veuve se remarie avec Jean Beaujouan,  négociant  et fervent révolutionnaire. ll mariera l'une des filles de Pétronille  au révolutionnaire  sanguinaire Bourbotte qui fut l'un des plus cruels participants  à la guerre de Vendée. Après 1789, Jean Beaujouan  constitue la Garde républicaine de Melun qu'il équipe à  ses frais et qu'il entraîne dans le parc.
Danton, ami de Beaujouan,  aurait  séjourné  au château  en mars 1794. ll fit séquestrer lesbiens des bourgeois qui, pris de panique,  s'enfuirent à son arrivée. Seule une dame âgée, Madame Despagnat, ne quitta pas les lieux. Bien que très estimée  des villageois, Danton lui confisquât tous ses biens. Accusée  d'être catholique,  elle fut emprisonnée  à Fontainebleau.
Le maire demanda  sa grâce qui fut refusée.  ll revint avec une pétition signée par des citoyens qui fut également  rejetée.
Danton  promit de la relâcher  si elle acceptait  d'épouser son cocher, ce qu'elle  refusa.  Trois jours plus tard, Danton retourne  à Paris et il est décapité sur ordre de Robespierre  .  Madame Despagnat est relâchée.
En 1876, le Général Salanson  qui donnera son nom à la rue, Commandant  Supérieur de l'Ecole Polytechnique et de l'Ecole  d'Application de Fontainebleau,  achète le château et lui donne sa forme actuelle en ajoutant le pavillon central. Combattant émérite  aux côtés de Napoléon  lll, il est Grand Officier de la Légion  d'Honneur  et décore le château de tableaux  représentant des batailles. ll sera conseiller municipal et son fils Eugène  lui succèdera et deviendra maire.
Eugène  procèdera  à de nombreux aménagements dont la prairie ovale, entourée de haies, qui servira de manège pour les chevaux. La ferme du Pré est très prospère  (205 hectares, 400 moutons, on y fabrique le fromage bleu de Chartrettes très réputé en France sous l'Ancien Régime).
M. et Mme Paul et Betty Winckler acquièrent le château en 1937. ll sont propriétaires de plusieurs publications:  Opéra Mundi  , Confidences , Le journal de Mickey , Le journal de Babar, France Soir . On appelle M. Winckler le « magnat de la presse»  .
ll s'exile aux USA pendant  la seconde guerre mondiale. L'activité agricole de la ferme s'arrête à cette époque. L'armée  allemande  occupe le château  puis le brûle. Après la guerre, il estréhabilité  par les Winckler et devient  le siège de < Opéra  Mundi )) avec des salles et desbureaux.  Les bâtiments sont transformés en logements  loués à des amis de marque : des ambassadeurs d'Allemagne et de Hollande, un prince russe M. de Galedzine, Joseph Kessel...
Vincent Auriol, ancien  Président de la République et ami de la famille y est reçu en certaines occasions. ll marie notamment son petit-fils en 1962 à Chartrettes ; Jacqueline Auriol  1917-2000 (première femme pilote d'essai en France ) célèbre au château son record  du monde d'aviation.
Cette  même année, Betty Winckler est faite Chevalier  de la Légion  d'Honneur  en raison de son action en faveur des enfants abandonnés  et délinquants.
Le 3 mai 1990 l'association religieuse  bouddhiste  en devient  propriétaire. Après  d'importants travaux de rénovation du château, l'inauguration  a lieu le 23 juin 1991. Le parc de 33 hectares a été mis en valeur et contient  des pièces  magnifiques  (séquoias  parmi les plus hauts d'Europe,  cèdres, hêtres rouges, ...), ce qui donne  à l'ensemble  toute sa beauté.
Depuis, des cérémonies  religieuses sont organisées pour les croyants (vœux d'engagement bouddhique,  mariages, funérailles,...). Presque  chaque année,  le public peut découvrir ce lieu accueillant à l'occasion de la journée  nationale  des monuments  historiques  ou des journées européennes  du patrimoine,  sous le patronage du Ministère  de la Culture  et de  la Communication.
Des offices religieux, ouverts au public, sont célébrés plusieurs fois par semaine (voir affichage  à l'entrée du site).
Nous vous remercions par avance  pour l'intérêt et le respect que vous accorderez  à ce lieu chargé d'histoire.
Centre Bouddhiste  de Chartrettes.



samedi 24 septembre 2011

Entre Milly et Moigny, rencontre avec un Cyclop.

Randonnée de groupe.
FACE de CYCLOP, élaborée par Niki de Saint Phalle
Petites routes peu fréquentées, des lavoirs et des châteaux, des beaux paysages, clairières et  forêts qui alternent avec des plateaux agricoles et des vallées sèches, nous sommes en plein dans le Parc naturel régional du Gâtinais français. Le mot gatinais vient de gâtines, les gâtines désignent les sols sablonneux qui le compose. Ces sols ont donné aussi du grès.


On ne s'attend pas forcément à rencontrer le fils d'Ouranos (le ciel) et de Gaïa (la terre) dans la forêt. Et pourtant, un géant à l’œil rond au-milieu du front vit au-milieu de la forêt essonnienne. Il mesure 22,50 mètres de haut, et il pèse 350 tonnes d'acier; le métal règne en maître et en noir dans cette sculpture-machine rappelant leur penchant pour la métallurgie.
cliquer pour arriver au site







Jean Tinguely (1925-1991) fut le maître d’œuvre de cette sculpture-promenade géante, élaborée dans l’illégalité à partir de 1969. Le Cyclop sur Wikipédia.
Recommandations aux visiteurs




Imbriqué dans la végétation. 4 chênes centenaires sont intégrés à l’œuvre.


Dix ans de travail pour ériger la structure de 22 mètres


On a dit parfois que la légende des cyclopes provenait de forgerons qui, pendant la guerre de Troie, portaient une protection sur un œil, de peur d'être aveuglés en cas de projection de flèches enflammées.
Partis de l'église de Milly-la-Forêt, les randonneurs sont sortis du village de Cocteau par les rues Félix-Éboué, Léopold-Bédu et Pasteur. Ils ont traversé la D 837 et ont longé la piste cyclable.
 Et c'est juste avant d'arriver à Moigny-sur-École, qu'ils s'arrêtent un moment,  étonnés par cette tête sans corps, pleine de miroirs étincelants qui scintillent et réfléchissent les mouvements naturels des arbres, des nuages, des visiteurs, les ombres et les lumières, une bouche d'où ruisselle de l'eau sur une langue toboggan, une immense oreille. Au cœur du monstre, un labyrinthe rempli de sculptures sonores, des engrenages de ferrailles.

Dans Moigny, après avoir franchi l'École, ils longent une culture très ancienne du Gâtinais, les cressonnières de la Noue (savez-vous que le cresson contient plus de vitamine C que les oranges ?) voir ici en virtuel sur Street View.

 Ensuite, au deuxième carrefour, ils entrent en forêt par un chemin sableux. « Gravir la pente, puis atteindre un groupe de pins à droite et suivre le rebord de la dalle gréseuse jusqu'à la grotte de la Souris. Longer le bord d'une platière  qui conduit à une vaste cuvette naturelle et monter par une sente sableuse jusqu'à la ferme du Coquibus. Suivre le chemin des Grands-Longs-Vaux à droite et descendre sur 1,5 km jusqu'à une aire aménagée. Prendre le chemin de Milly à gauche et sortir de la forêt.» Source: Le Parc naturel régional du Gatinais... à pied®
Les photos:


Exemple de parcours


Église St Denis de Moigny-sur-École




Retour sur Milly


Liens : Moigny-sur-École
              Milly-la-forêt
              un blog sur l'histoire de Milly
              Le Cyclop, deux sites dédiés.

jeudi 15 septembre 2011

Les reportages télé sur le raisin d'Amérique

Information.
Mise à jour: le reportage de France 3 Ile-de-France sur les phytolaques. Il a été tourné fin septembre et  diffusé vendredi 7 octobre dans le JT  de 19 heures.




Le reportage de BFM tv. C'était mardi matin, le 13 septembre 2011. Le reportage est court mais il a le mérite de bien montrer la manière dont le phytolaque envahit la forêt de sa présence verte et violette. Merci à Marc, Raymond, Stella, Georges.

      mercredi 14 septembre 2011

      L'article du Parisien sur le Raisin d'Amérique

      Information.
      La semaine dernière, le journaliste Thomas Poupeau du Parisien a suivi l'animateur du Fal Rando pour constater l'étendue des dégâts causés par le phytolaque envahissant. Il s'est également renseigné auprès de l'ONF. En attendant -on l’espère- la vidéo tournée par Yves Courant de BFM Tv hier à Samois, voici le texte de l'article paru dans le Parisien de dimanche:


      "Cette plante pourrait détruire la forêt de Fontainebleau."Thierry Pain, membre du Collectif des arracheurs de raisin d'Amérique, espère mobiIiser les foules ce matin pour une opération de fauchage. «Dans l'idéal, il faudrait 400 personnes pour venir à bout de ce nuisible aussi appelé phytolaque, poursuit-il. Mais, pour l'instant, nous ne sommes qu’une centaine. »
      Cette plante aux tiges pourprées et aux fruits noirs, originaire des Etats-Unis, est apparue à Fontainebleau dans les années 1980. « Elle touche aujourd’hui un cinquième du massif, soit près de 4 000 ha >>, précise Thierry Pain qui coordonne les efforts du collectif depuis trois ans.
      Yves Jouas est l’un des bénévoles les plus acharnés. " Etant animateur de randonnées pédestres, je suis en forêt cinq jours par semaine » explique cet ancien peintre en bâtiment, âgé de 63 ans. Il repère les endroits où le phytolaque prolifère et revient, armé de sa pioche et de sa machette.
      «Nous aurions dû agir plus tôt»: il y a cinq ans, si l % des membres des randonneurs du secteur sétaient mobilisés, on n’ en serait pas là », estime-t-il.

      A l'Office national des forêts, on salue l'initiative. « Nous n’avons pas les moyens de lutter contre ce fléau, estime Claude Lagarde, chef de projet biodiversité. Mais pour les bénévoles, la tâche s’apparente un peu aux douze travaux d’Hercule : quand on arrache cinq plantules, ce sont vingt-cinq autres qui repoussent ailleurs »
      « J ignore si cette plante met réellement en danger la forêt de Fontainebleau », ajoute-t-il néanmoins.

      Raymond Baudoin, du Conservatoire botanique national du Bassin parisien, tempère : << Une destruction du massif serait la vision la plus pessimiste des choses. Le problème principal de la phytolaque est que son caractère invasif empêche les autres espèces de se développer, ce qui conduit nécessairement à une biodiversité affaiblie.» 
      Article du Parisien