mardi 27 décembre 2011

Le puzzle de couleurs de la forêt de Fontainebleau

cartographie_forêt_de_fontainebleau (1)
Un véritable puzzle de couleurs. Rendez-vous sur cette page: cartographie inventaire forestier et cliquez sur le département de votre choix, une fenêtre s’ouvrira.
J’ai cherché ce site:  l’Inventaire forestier national, véritable mine d’informations, après une randonnée entre Bois-le-roi et Fontainebleau. En effet, on passe d’un paysage à l’autre et on bute souvent sur une dénomination: ensemble de grands arbres, petits arbres, feuillus, épineux, chemins droits, sentiers sinueux, sols sableux, sols podzoliques....Cette carte qui s’étend sur toute la France permet de se faire une idée et surtout de donner un nom aux paysages traversés. On trouve donc:
●    la jeune futaie de feuillus
●    l'autre futaie de feuillus
●    jeune futaie de pins
●    autre futaie de pins
●    jeune futaie de conifères indifférenciés
●    futaie mixte
●    mélange moyen de futaie de feuillus
●    mélange riche de futaie de feuillus
●    mélange de futaie de conifères et taillis
●    futaie de conifères et taillis
●    taillis
●    forêt ouverte
●    lande
●    peupleraie
●    autre...
J'ai essayé, en liant photos et zones géographiques de mettre un nom sur ces endroits, et ce n'est pas si évident, c'est pour ça que j'ai mis des points d'interrogation....avec de la pratique, on doit y arriver. Étonnant, tout de même, le nombre de couleurs différentes autour de Bois-le-roi, Barbizon, Fontainebleau. De quoi prendre conscience de l’originalité sans pareille de la forêt de Fontainebleau. Comparez avec la forêt des Landes pour voir….
Pont Victor 02-10-2011 13-54-53Route de la Solitude-1

plaine aqueduc (6) Panoramavallée du Rocher Canon (4) Panorama
route Pompadour PanoramaPins Cassepot

Intéressons-nous aux méthodes scientifiques de l’IFN, comment fait-on pour inventorier la forêt française ?
Pour information, l'Inventaire forestier national a été créé en 1958. A l'époque, les dernières statistiques datent de la période 1904-1908. En cinquante ans, les méthodes ont évolué, ainsi que le matériel : le GPS supplée le ruban d'arpentage et la boussole, le dendromètre Vertex a remplacé les perches pour les mesures en hauteur, le compas finlandais a cédé la place au pentaprisme de Wheeler pour mesurer le diamètre des arbres et l'IFN n'a pas attendu l'ipad ou l'iphone pour se servir de tablette et d'ordinateur de poche avec logiciel spécialisé pour remplacer les fiches papiers...Pour plus d'informations, lisez le passionnant livret des 50 ans de l'IFN. Les méthodes
●    l’échantillonnage
●    la photo-interprétation ponctuelle (la forêt de Fontainebleau est sans nul doute en zone populicole, voilà, encore un nouveau mot...). L’IFN dispose de plusieurs centaines de milliers de photographies aériennes, diapositive et papier pour les plus anciennes,  fichiers numériques pour les diapositives infrarouge couleur qui viennent d’être numérisées, – fichiers numériques pour les orthophotos et les orthophotoplans infrarouge couleur des départements photographiées récemment. Bref, du travail de spécialiste...
●    les opérations de terrains.
ifn_opérations de terrainles levés de terrain
Du matériel de pointe: le laser terrestre appelé LiDAR terrestre, une méthode de mesure qui permet d'acquérir des images en 3 D des "placettes terrains" et de numériser la géométrie des arbres. Cette technologie nouvelle est appliquée au-fur-et-à-mesure sur l'ensemble du territoire, en essayant de scanner la végétation à des saisons différentes. Un appareil photo numérique est combiné au laser pour obtenir des images en couleur. (source: p.17 du rapport 2010 de l'IFN).

LIDAR est l'acronyme de l'expression anglo-saxonne  « Light Detection  and Ranging » qui désigne une technologie de télédétection ou de mesure optique basée sur l'analyse des propriétés d'une lumière laser  renvoyée vers son émetteur.
Le LIDAR terrestre permet de réaliser "une image numérique" d'une placette en enregistrant toutes les informations de distance, d'angle et de dimension des objets présents.
 ●    Enfin, il faut traiter toutes ces informations, ils se servent de l’informatique, encore un tas de calculs compliqués et à la fin, ils ont leur inventaire et le font partager sur leur site Internet. Ouf ! C’est beau le progrès mais ça donne mal au crâne.
Maintenant, on a une idée –surtout si vous vous baladez sur leur site- de la manière dont ils procèdent. La bonne nouvelle, c’est qu’ils ne sont pas avares de leurs informations, pour autant que je puisse en juger. Sur le site de l’IFN, de nombreux PDF à télécharger, qui vont venir compléter ma collection sur Calaméo. Ne manquez pas notamment les fiches GRECO (comme Grandes Régions écologiques).


Les photos sont extraites de ces PDF. Allez, pour finir, le puzzle forestier de la France entière:
309 régions forestières nationale

mercredi 21 décembre 2011

Dans la vallée du Fusain et du Loing

Randonnée du dimanche 26 novembre 2011.

Affichage dynamique barre latérale.                               Affichage photo instantanée.

Départ place du Marché à Château-Landon. C'est un  village médiéval situé à la pointe sud de la Seine-et-Marne, à 90 km de Paris. 3 500 habitants, les Châteaulandonnais et Châteaulandonnaises.
On visite l'église Notre-Dame dont l'architecture médiévale est un mélange des styles carolingien, roman et gothique. On passe à coté du Porche, monument civil, élevé dans le quartier juif, près de l'ancienne halle édifiée par Philipe-Auguste. Ancien bureau de change des monnaies.

église ND de Château-Landon-001Monument civil, élevé dans le quartier juif, près de l'ancienne halle édifiée par Philipe-Auguste. Ancien bureau de change des monnaies.
Le Fusin serpente dans la vallée au pied de Château-Landon, c'est un des affluents du Loing que nous verrons plus loin. Il y a un bras naturel et un bras artificiel, comme le Loing.

Sentier des amoureux au bord du Fusain-003Sentier des amoureux au bord du Fusain-004
Le bras artificiel du Fusin baigne les jardins. Les moines de Saint-Séverin l'ont élaboré au Moyen-âge, il a permis d'installer de nombreux meuniers, tisserands, tanneurs qui firent de Château-Landon une ville prospère.

Sentier des amoureux au bord du Fusain-008Sentier des amoureux au bord du Fusain-007

Et au-dessus , dominant, dans la brume de novembre, le clocher unique de Notre-Dame: avec ses larges ouvertures, traversé par la lumière et par le vent, il donne une impression de légèreté. On peut le voir au mois de mai sur Panoramio:  http://static.panoramio.com/photos/original/22898545.jpg

Sentier des amoureux clocher dans la brumeLe clocher de Château-Landon-001
Il y a 17 lavoirs qui bordent les deux bras du Fusin.
Nous sommes ici sur le sentier des Amoureux. Des jardins bordés par la rivière qui apporta la prospérité au village, car il a permis l'installation de nombreux moulins.

Sentier des amoureux au bord du Fusain-023Sentier des amoureux au bord du Fusain-022
Sous les yeux d'un molosse, d'un bouc et de deux ânes. A cause du sortilège d'une sorcière, les habitants ont été transformés en animaux.

habitants changés en ânes-002citoyen de Château-Landon changé en bouc-001

On longe l'abbaye Saint-Séverin qui a beaucoup de points communs avec l’abbaye du Mont-Saint-Michel: époques identiques, tour hexagonale engagée sur la face Est, puissants contreforts, cheminée à base carrée, cylindrique en haut, percées de fenêtres de formes diverses selon les salles qu'elles éclairent, tour svelte protégeant un escalier. Et  son réfectoire est éclairé de huit grandes fenêtres romanes contenues dans des arcades et divisées par un meneau et un linteau intermédiaire.

abbaye de Saint-Séverin-001Abbaye Saint-Séverin au retour
Direction Souppes. Son nom, noté sous la forme Supæ en 1090, provient du mot suppa qui, en ancien germanique, signifie "lieu détrempé". Jadis, en effet, le Loing divaguait fréquemment hors de son lit, formant des marécages que les moines de Cercanceaux se sont employés à assainir. D'ailleurs, les randonneurs traversent les étangs de Cercanceaux.

étangs de Cercanceaux-004

Nous sommes là à la frontière du Loiret. Lafarge et granulats a revendu le site à la commune de Dordives. La situation des sablières de Cercanceaux rappelle beaucoup celle de  l'espace naturel sensible de Sorques ainsi que celui de Chartrettes: une fois passé l'exploitation des granulats, la nature reprend ses droits, repeuplé par les espèces naturelles.
Les deux plans d'eau sont séparés par l'autoroute A77, sous laquelle les randonneurs passeront deux fois.

sous l'autoroute A 77-002viaduc du Loing (1)-001
Curiosité, cette voie ferrée désaffectée qui surplombe le Loing. Est-ce l’ancienne voie qui reliait Montereau à Château-Landon ?

voie ferrée désafectée sur le Loing-008voie ferrée désafectée sur le Loing-009

Le Loing au naturel et la rivière canalisée se côtoient. Pour vous donner une idée de l’endroit sur Google Maps, ce lien vous montre ce qu’il y a derrière le moulin de la première image, au bout du chemin de halage.

au-dessus du Canal du Loing-006au-dessus du Canal du Loing-005

Au bord du canal, on maçonne, on consolide.

barrages en travaux sur le Loing-002
A la nuit tombante, retour sur Château-Landon, l'abbaye Saint-Séverin,  ses remparts, sa tour carrée Thugal.


Retour su Château-Landon-001Château-Landon la Tour Thugal-001

Jadis, la cité médiévale et son clocher se voyaient de loin, Château-Landon était le point de passage de la route des pèlerins qui venaient vénérer les reliques de l’abbaye de Larchant, Souppes, Ferrières et croisaient ceux qui se rendaient à Saint-Jacques de Compostelle.

Château-Landon la ville forte-002Place du marché à Château-Landon-001

Pour en savoir plus, ce fascicule qui relate l’histoire de la ville: au cœur du Gâtinais.

Plan de Château-Landon. (1,5 Mo)

Loing et Fusain par le Conseil général. (PDF)

mardi 13 décembre 2011

De Villiers-sous-Grez à Maunoury

Randonnée du 3 décembre 2011.

vue_panoramique Villiers-sous-Grez_juilletpanorama sur Villiers-sous-Grès

(Notez: ces deux panoramas sont pris à des points de vue opposés…et peut-être à cent années d’intervalle…curieux effet de miroir temporel, cliquez sur les images et comparez…)

Le départ a lieu au village de Villiers-sous-Grez, petit village de clairière perdu au-milieu des bois, position qui lui a peut-être permis d’échapper à la destruction au-moment de la guerre de Cent ans, contrairement à de nombreux villages alentour. Le terroir de la commune est très tôt marqué par les hommes, on a découvert notamment un atelier de taille d'outils en grès de l'époque néolithique au lieu-dit La Vignette.
Le village devient important au Moyen Age puisqu'on construit au XIII è siècle une vaste église gothique dédiée à Saint Étienne. C’est d’ailleurs le lieu de rendez-vous des randonneurs qui vont s’engager dans la forêt toute proche, Patrick a pris des photos et raconte:

C'est déjà le mois de décembre . Météo pourrie et journées courtes .
Après un novembre idyllique avec son été indien à rallonge,on semble se diriger doucement vers l'hiver .
Quatre randonneurs motivés étaient présent au départ de cette rando peu engageante .
Après une première grimpette ils visitent la grotte du Curé .
Puis direction le Rocher du Maunoury avec ses monstrueux blocs rocheux propices à la varappe .
Ensuite c'est le chaos de la Dame Jouanne toujours aussi spectaculaire.
A noter que les marcheurs évolueront avec d'énormes précautions à cause de l'humidité .
Un petit tour à l'assaut des sablières du Marchais et c'est le retour avec une arrivée à la nuit tombée .

grotte du Curé (2)grotte du Curé (6)

La grotte du Curé extérieur et intérieur, où on remarque de nombreuse inscriptions disgrâcieuses.

L'histoire locale rapporte qu'un curé aurait dégagé un peu de sable sous une grande
table de grès pour pouvoir se tenir debout sous ce toit de pierre, comblé l'étayage
naturel des rochers avec des blocs plus petits sur le coté droit, édifié un mur de cloison
de façon à former deux salles souterraines et construit des piliers de soutènement pour
la façade. Une photographie de 1906 montre sous la partie droite de la grotte une arche
de pierre conduisant à une sorte de cave. Aujourd'hui, la cave est totalement ensablée,
mais l'arche de pierre brisée est encore reconnaissable.

Des paysages variés, comme toujours, et spectaculaires, en vêtements de pluie…

direction MaunouryP1090593x

rando villierSsGrez

Jetez un œil sur le parcours, surligné en jaune.

Puis c’est le retour au point de départ, Villiers-sous-Grez. L’église Saint-Étienne dresse sa silhouette gothique dans la nuit. Deux randonneurs sont en arrêt face à la façade occidentale de l’église, et son  tympan aveugle qui surmonte le portail d’entrée. 

Conclusion: Une journée de pluie pour certains, une journée tout juste humide pour d'autres.
Une belle balade à refaire par beau temps avec plus de monde.

église de Villiers_grez (2)

église StÉtienne_Villiers-sous-Grès (1)Villiers sous Grezéglise StÉtienne_Villiers-sous-Grès (2)

mardi 6 décembre 2011

Dans la Combe, sur la trace des carriers.

Randonnée du 19 novembre 2011. (cliquer sur ce lien pou avoir un affichage dynamique).
Sur la route 301, vers le  carrefour d'Achères, se trouve la zone du Rocher de la Combe. Peu de balisage, des sentiers difficiles à deviner, à travers des ensembles de pins et de bouleaux. Et surtout, de nombreux auvents de carriers comme autant d'abris sur le parcours. Un guide en recense dix qu'il faut arriver à trouver dans le fouillis des roches recouvertes par les troncs morts, les écales abandonnées, les mousses et les lichens. Nous avons déjà parlé des carriers, au mois de mars, au bout de la forêt: Au Coquibus, dénivelé et curiosités...
C’est à la Restauration (1814-1830) que le rocher de la Combe fut investi par les carriers, ce qui en fait une des dernières zones ouvertes aux carrières dans la forêt de Fontainebleau. Cela correspond au développement des villes et notamment de Paris; c’est aussi le pic de la production entre 1825 et 1829 où on passe de 1 750 000 pavés produits à 2 900 000.
Voici donc des images de cette randonnée du 19 novembre2011, avec des légendes qui donnent un arrière-fond historique. Le point de départ, au bord de la D301, dite route Ronde, lien Street View.
carriers Rocher Combes (2)carriers Rocher Combes (1)
L’administration forestière dénonçait la stérilisation du sol par les déchets d’exploitation qui empêchaient toute plantation. Anne Vallaeys décrit très bien ces endroits dans le livre qu'elle a consacré à la forêt de Fontainebleau: La forêt des passions:
Dans le calme des sous-bois,  il est bien difficile d'imaginer les tranchées  entamées à vif dans la falaise,le bruit du martèlement  des pics. Le dernier carrier  parti, la nature s'est remise  à l'œuvre, ensauvageant le paysage à nouveau.
Mousses et fougères (1)Mousses et fougères (2)
Mousses et fougères ont effacé  les tons brutaux du grès éventré, la forêt a semé une patine de lichen sur les tranches mortaisées des carrières et des blocs abandonnés. Le pied trébuche souvent sur les rebuts  et les écales, mais l'œil n'est choqué  par rien. Qui se souviendrait  que des siècles  durant, des hommes se sont échinés à tailler le revêtement des rues, des places  de Paris et de l'Île-de-France? (p.159)
entrée d'un auventintérieur d'un auvent
Ce qui nous apparaît aujourd'hui pittoresque et pimente la promenade, ces auvents de carriers, ces rebuts de pavés, ces tumulus recouverts par la végétation, représentaient une menace au XIXe.  Paul Domet donne le ton (1870):  « Arrivons enfin au fléau  qui, s'il n'est pas le plus grave, frappe, du moins, plus que  tout autre,  les yeux des promeneurs, et au sujet duquel  il  s'est fait le plus  de bruit, dans ces dernières années:  nous voulons parler des carrières.»
Auvents de Carriers (1)auventLes randonneurs savourent un moment de repos dans une “caverne”. Les hommes qui les ont conçus, rudes à la tâche, mourant prématurément de la silicose, réunis en “batterie”, obtenaient l’autorisation de l’administration forestière pour exploiter les carrières. Ce millier d’hommes réunis en corporation, constituaient une force menaçante vis-à-vis de la ville de Fontainebleau, un groupe de pression capable de faire le siège de la cité impériale. En 1830, raconte Domet, ils tiennent Fontainebleau sous le coup d'une véritable terreur, le 15 avril 1840, nouveau rassemblement tumultueux aux portes de la ville, heureusement dispersé par la pluie….Les carriers forment une classe laborieuse qui se révolte souvent, au point que des escadrons de l'armée se tiennent prêts à intervenir…
Mais leur dernière révolte en 1848 quand la ville de Paris décide de s’approvisionner dans les Ardennes sera une pétition manuscrite, en désespoir de cause…L’activité décline, et l’arrivée du macadam dans les villes lui donnera le coup de grâce, voir le billet précédent.
 sur les traces des carriers (2)sur les traces des carriers (1)
Les randonneurs ont forcément emprunté la route Paulet, du nom de ce médecin qui eut l’idée de donner des primes pour la destruction des vipères, qui n’étaient pas une espèce protégée à l’époque. Paulet se vantait d’en avoir lui-même supprimé plus de deux-mille.
rocher de la Comberte Mont Enflammé
C’est l’automne, ses retours vers le point de départ au soleil couchant après avoir visité les monuments historiques un peu frustes de la forêt de Fontainebleau.

retour Rocher de la Comberetour nuit tombante
retour nuit tombante (2)